En 1845, un certain Pierre PROST de Prémanon, fait construire à Bellefontaine, dans l’idée d’ouvrir une Auberge idéalement placée face à la Maison Communale et à l’Eglise Paroissiale. Il décède en 1851 à Bellefontaine et sa fille, Elina Apolline PROST, épouse d’Auguste Arsène GIROD, reprend l'Auberge.
C'est dans les années 1894 et 1895 qu'Herman JACQUEMIN-VERGUET rachète I'auberge avec son épouse Clarisse GIROD-GARD pour créer l'Hôtel du JURA.
A partir de 1908, Jules JACQUEMIN-VERGUET fils d’Herman, se mariant avec Germaine BAVOUX née à Lamoura, feront prospérer avec leur fils Hermann l’Hôtel jusqu’à sa mort en 1939.
Le Tourisme d’été vient de naître à Bellefontaine, mais seul le Bistrot restera ouvert en hiver. Dans les années 30, Hermann accomplissant son service militaire en Algérie, fait la connaissance et se lie d’amitié avec Pierre LACOMBE fils du Préfet d'ALGER, qui viendra des années durant, passer ses vacances au 1028 à Bellefontaine, venant chercher le bon Air et la douceur des verts pâturages Jurassiens.
Germaine fine cuisinière adapte ses repas et ses menus à partir de ce que peut lui offrir la nature au fil des saisons. Sa spécialité : les Morilles du Risoux à la Crème. Jules, lui, a le sens du cueilleur, chasseur, pêcheur. Il fournira le plat du jour en fonction des caprices du temps. La nature généreuse pourvoira à combler la table du jour. Un matin, l’Jules, partant l’fusil sous l’bras demande à la Germaine : que veux-tu que j’te rapporte pour c’midi, du poil ou d’la plume. Et la Germaine de lui répondre : ah ben tiens, ramène nous donc un bon gros Coq de Bruyère !... Certain se souviennent de ce gros Coq naturalisé trônant fièrement au fond de la salle de restaurant. Heureux temps qui ne connaissait pas encore Natura 2000, ni autres réglementations environnementales.
Au rez de chaussée, sous la plaque de l’hôtel, côté rue, ce trouvait l’entrée principale avec un couloir central conduisant : à gauche à la salle à manger et à droite à un petit commerce derrière lequel se tenait la cuisine. A l’extérieur tout à droite se tenait une autre entrée donnant sur 2 salles de bistrot avec terrasse côté route, rendez-vous des agriculteurs après la traite et la table d’ouvriers. Le dimanche après la Messe, les hommes y jouaient la chopine à la belote pendant que les épouses mettaient le feu sous le repas dominical.
Le petit Commerce offre toute une panoplie de services aux habitants : petite épicerie, petites fournitures diverses, petite mercerie, pétrole pour lampes, tabac, papier à rouler, à chiquer, paquets de Gris, sucettes et réglisses.
A l’étage les clients pouvaient disposer de 7 chambres, plus 2 x 2 chambres Est et Ouest, au faîtage.
En contrebas de la route, l’hôtel disposait d’un charmant jardin d’agrément avec potager sur lequel était bâti un petit chalet de 2 chambres destiné à la clientèle d’été profitant du « Bief des Œillets » serpentant paisiblement en partie basse de la propriété.
Un Jeu de Quilles à l’ancienne, avec aire de lancement de 8 à 10 m sur sable avec planche d’appel, situé entre l’hôtel et le chalet faisait le bonheur des hommes du village. Le jeu nécessitait une boule en buis à 3 trous de diamètre d’environ 20 à 25 cm, un réceptacle en pierre pour 9 quilles en bois présenté en losange face au lanceur. Jeu favori des hommes le dimanche après les Complis, ils jouent la pièce et celui qui remportera la mise paiera la tournée de pichet et récompensera le requilleur. Certains costauds du Pays, bien engaillardis, après avoir remporté plusieurs fois la mise, n’hésitaient plus à s’élancer depuis la route au dépend de la précision.
Le Fils de Jules, Hermann JACQUEMIN-VERGUET, reprendra en 1939 les destinées de l’établissement familial avec son épouse Elisabeth BOURGEOIS dite Bebeth (sœur de Paul BOURGEOIS le père de Claude BOURGEOIS). De leur union naîtrons 3 Filles, Claude, Nicole et Odile. Elles contribueront par leur travail, à la réussite de cette belle entreprise familiale.
L’hôtel avec Hermann et Bebeth, continuera à fonctionner l’été seulement, des premiers beaux jours au retour de la neige. La restauration au 1028 bat son plein, la maison est réputée et courue par une clientèle fidèle des environs.
Lieux privilégiés pour célébrer la Fêtes de la Saint RENOBERT, la Paroisse et l’Hôtel du JURA. La bonne parole pour l’église, le Bal au 1028 avec le Lulu BRAIZE à l’accordéon, les ritournelles s’enchaîneront du Dimanche après-midi jusqu’au bout de la nuit. Il fallait par obligation et compte-tenu de l’affluence, se serrer un peu pour danser sans que cela ne chagrine outre-mesure la jeunesse de l’époque.
Hermann JACQUEMIN-VERGUET décèdera en 1948, son épouse Elisabeth reprendra seule la succession avec ses 3 Filles à charge qui ne manqueront pas de donner la main à leur Maman.
Elisabeth fera alors la connaissance de René JACQUET dit l’Jacquet du Pays de Gex, douanier à Chapelle des Bois. Ils se marieront et tiendront l’Hôtel du JURA jusqu’en 1968. Début du Tourisme d’hiver.
L’Hôtel du JURA sera vendu en 1971 à Monsieur BELLET qui tiendra l’établissement jusqu’en 1973 avec sa compagne Françoise native de Bonlieu. La cuisine reste le point fort des lieux.
Par un soir de bise de Janvier 1973 particulièrement froid, l’Hôtel prendra Feu et malgré l’implication des Sapeurs Pompiers de l’époque, du soutien de tous les voisins, l’incendie ne pourra être circonscrit, ne laissant le lendemain matin, qu’un amas de pierres et de cendres.
Merci à Me Claude PETETIN-PATILLON rendant ici hommage à ses chers Parents.