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Paroles de Montagnons


Documents d'Archives

Alain CANNARD met à la disposition de chacun, des Archives personnelles attachées à la Commune de Bellefontaine. Merci à lui pour son travail de transcription de textes anciens.

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L'Hôtel du Jura, dit le 1028

En 1845, un certain Pierre PROST de Prémanon, fait construire à Bellefontaine, dans l’idée d’ouvrir une Auberge idéalement placée face à la Maison Communale et à l’Eglise Paroissiale. Il décède en 1851 à Bellefontaine et sa fille, Elina Apolline PROST, épouse d’Auguste Arsène GIROD, reprend l'Auberge.

C'est dans les années 1894 et 1895 qu'Herman JACQUEMIN-VERGUET rachète I'auberge avec son épouse Clarisse GIROD-GARD pour créer l'Hôtel du JURA.

A partir de 1908, Jules JACQUEMIN-VERGUET fils d’Herman, se mariant avec Germaine BAVOUX née à Lamoura, feront prospérer avec leur fils Hermann l’Hôtel jusqu’à sa mort en 1939.

Le Tourisme d’été vient de naître à Bellefontaine, mais seul le Bistrot restera ouvert en hiver. Dans les années 30, Hermann accomplissant son service militaire en Algérie, fait la connaissance et se lie d’amitié avec Pierre LACOMBE fils du Préfet d'ALGER, qui viendra des années durant, passer ses vacances au 1028 à Bellefontaine, venant chercher le bon Air et la douceur des verts pâturages Jurassiens.

Germaine fine cuisinière adapte ses repas et ses menus à partir de ce que peut lui offrir la nature au fil des saisons. Sa spécialité : les Morilles du Risoux à la Crème. Jules, lui, a le sens du cueilleur, chasseur, pêcheur. Il fournira le plat du jour en fonction des caprices du temps. La nature généreuse pourvoira à combler la table du jour. Un matin, l’Jules, partant l’fusil sous l’bras demande à la Germaine : que veux-tu que j’te rapporte pour c’midi, du poil ou d’la plume. Et la Germaine de lui répondre : ah ben tiens, ramène nous donc un bon gros Coq de Bruyère !...  Certain se souviennent de ce gros Coq naturalisé trônant fièrement au fond de la salle de restaurant. Heureux temps qui ne connaissait pas encore Natura 2000, ni autres réglementations environnementales.

Au rez de chaussée, sous la plaque de l’hôtel, côté rue, ce trouvait l’entrée principale avec un couloir central conduisant : à gauche à la salle à manger et à droite à un petit commerce derrière lequel se tenait la cuisine. A l’extérieur tout à droite se tenait une autre entrée donnant sur 2 salles de bistrot avec terrasse côté route, rendez-vous des agriculteurs après la traite et la table d’ouvriers. Le dimanche après la Messe, les hommes y jouaient la chopine à la belote pendant que les épouses mettaient le feu sous le repas dominical.

Le petit Commerce offre toute une panoplie de services aux habitants : petite épicerie, petites fournitures diverses, petite mercerie, pétrole pour lampes, tabac, papier à rouler, à chiquer, paquets de Gris, sucettes et réglisses.

A l’étage les clients pouvaient disposer de 7 chambres, plus 2 x 2 chambres Est et Ouest, au faîtage.

En contrebas de la route, l’hôtel disposait d’un charmant jardin d’agrément avec potager sur lequel était bâti un petit chalet de 2 chambres destiné à la clientèle d’été profitant du « Bief des Œillets » serpentant paisiblement en partie basse de la propriété.

Un Jeu de Quilles à l’ancienne, avec aire de lancement de 8 à 10 m sur sable avec planche d’appel, situé entre l’hôtel et le chalet faisait le bonheur des hommes du village. Le jeu nécessitait une boule en buis à 3 trous de diamètre d’environ 20 à 25 cm, un réceptacle en pierre pour 9 quilles en bois présenté en losange face au lanceur. Jeu favori des hommes le dimanche après les Complis, ils jouent la pièce et celui qui remportera la mise paiera la tournée de pichet et récompensera le requilleur. Certains costauds du Pays, bien engaillardis, après avoir remporté plusieurs fois la mise, n’hésitaient plus à s’élancer depuis la route au dépend de la précision.

Le Fils de Jules, Hermann JACQUEMIN-VERGUET, reprendra en 1939 les destinées de l’établissement familial avec son épouse Elisabeth BOURGEOIS dite Bebeth (sœur de Paul BOURGEOIS le père de Claude BOURGEOIS). De leur union naîtrons 3 Filles, Claude, Nicole et Odile. Elles contribueront par leur travail, à la réussite de cette belle entreprise familiale.

L’hôtel avec Hermann et Bebeth, continuera à fonctionner l’été seulement, des premiers beaux jours au retour de  la neige. La restauration au 1028 bat son plein, la maison est réputée et courue par une clientèle fidèle des environs.

Lieux privilégiés pour célébrer la Fêtes de la Saint RENOBERT, la Paroisse et l’Hôtel du JURA. La bonne parole pour l’église, le Bal au 1028 avec le Lulu BRAIZE à l’accordéon, les ritournelles s’enchaîneront du Dimanche après-midi jusqu’au bout de la nuit. Il fallait par obligation et compte-tenu de l’affluence, se serrer un peu pour danser sans que cela ne chagrine outre-mesure la jeunesse de l’époque.

Hermann JACQUEMIN-VERGUET décèdera en 1948, son épouse Elisabeth reprendra seule la succession avec ses 3 Filles à charge qui ne manqueront pas de donner la main à leur Maman.

Elisabeth fera alors la connaissance de René JACQUET dit l’Jacquet du Pays de Gex, douanier à Chapelle des Bois. Ils se marieront et tiendront l’Hôtel du JURA jusqu’en 1968. Début du Tourisme d’hiver.

L’Hôtel du JURA sera vendu en 1971 à Monsieur BELLET qui tiendra l’établissement jusqu’en 1973 avec sa compagne Françoise native de Bonlieu. La cuisine reste le point fort des lieux.

Par un soir de bise de Janvier 1973 particulièrement froid, l’Hôtel prendra Feu et malgré l’implication des Sapeurs Pompiers de l’époque, du soutien de tous les voisins, l’incendie ne pourra être circonscrit, ne laissant le lendemain matin, qu’un amas de pierres et de cendres.

Merci à Me Claude PETETIN-PATILLON rendant ici hommage à ses chers Parents.

Le Temps des Fruitières

    Au XIXème et XXème siècles,  en attendant la création de la coopérative du “Chalet Modèle” en 1922, la collecte du lait sur Bellefontaine s'effectue  autour de 3 Chalets plus 1 point de ramassage de lait pour Morez, le tout fonctionnant sur un principe de proximité :
- Le Chalet du Bief des Chaumelles, au lieu dit “La Sablière”, au clos Guyon un chasal subsiste, qui sera reconstruit à l'emplacement de la maison de M.Br. CAT. Ils voulurent faire d'un chalet insalubre source de maladies, un véritable “PALAIS”, près de la route au sec, d'où son nom.
- Le Chalet MOREL-PATRON de la Chaux-Mourant chez le Louis au Patron, acheteur de lait aux voisins (maison d'Yves Morel).
- Le Chalet des MANDRILLONS dont les statuts datent du 10 décembre 1889 signés par Lucien Monnier président, Alphonse Bourgeois, Marie Cordier, Vve Désiré Girod, Marie Mandrillon, Vve Isidor Perrad dit l'Prie-Dieu ou l'Tiousalet, Paul Arbez, Urbain Mandrillon, Melle Raddaz et Général Blaize. Les sociétaires sont tenus de porter tout leur lait durant la saison de Pâques à la Toussaint.
    Dans le temps était fabriqué le fromage de gruyère, la Boîte (Mont d'Or) et le dit Septmoncel qui deviendra plus-tard le Morbier. On fabriquait également du Serra issu de la recuite du petit-lait recaillé à la présure puis décaillé, levé, pressé. Il est entendu qu'il s'agit de tout le lait provenant des vaches nourries ou pâturées sur les propriétés des signataires des statuts.
    L'acheminement du lait à l'époque s'effectuait à la bouille à dos ou aux chiens attelés pour les fermes éloignées du tour des lacs. Au XIXème la commune réalise des puits pour lutter contre les incendies et fournir en eau les chalets.
    Les fromagers étaient embauchés pour l'été. Les bêtes étaient couvertes en Juin/ Juillet pour une gestation de 9 mois et mettre bas aux mois de Mars/Avril suivants. Pas de lait produit l'hiver pour la vente, juste à usage familial.
- Le Ramassage chez l'Paul au Gruérand
(aujourd'hui chez Louis Badoz) pour les Maurices sous la Côte, le Populo, le joseph Bourgeois, l'Isidore Bourgeois, le Félix au Dionis, le Moteur, le Salomon Girod, le Fanfan, le Léon Perrad, l'Urbain Bazin. Le lait sera vendu à Morez au porte à porte, descendu avec un break sur essieux à ressorts, 1 siège pour 2 à 3 personnes, une caisse arrière pour les bouilles en tôle de 10, 15, 20 et 30 litres ou bouillon fait pour être chargé sur la voiture.
    A l'aube des années 1920, l'idée de regrouper les 3 chalets fait son chemin et en hiver 1922 débute la construction du “Chalet Modèle” aux frais de la commune sur l'instigation du Maire Charles ROMAND. La construction ne fait pas l'unanimité à l'époque dans le village. Pour faire passer son projet, le Maire équipera en parallèle du “Chalet Modèle” les foyers privés en électricité. Ce chalet se voulait fédérateur , signe de modernité dans un souci de valorisation du travail et de la production fromagère.
    Le lait sera vendu à confront, c'est à dire par confrontation des prix des communes désignées : St Pierre, le Lac des Rouges Truites et les Rousses. Le besoin de 500 litres d'eau par jour nécessitera une prise d'eau sous la grotte dite au Léon, suivi d'un filtre à charbon jusqu'au robinet du Chalet.
    Le premier “Fritier” (fromager) de la nouvelle société fromagère sera M. LAGUT de 1925 à 1928,
    Les Fromagers se succèderont dans un cycle de janvier à décembre :
-de 1929 à 1930 fromager le Père BRASET grand-père du Nano Braset dit le Ministre aux Signaux-Girod.
-de 1931 à 1932 fromager BESANCON. Construction de la porcherie qui s'effondrera dans l'hiver qui suivit avant d'être reconstruite et “ rallongie”.
-de 1933 à 1940 fromager Henri MONDET de St Point.
-En 1940 il est décidé de travailler le lait en coopérative. Henri Mondet est mobilisé au printemps 40 avec son commis. Il sera remplacé par Charles MOREL (père à l'Hubert).
-de l'été 40 à 1941 fromager Arsène BENOIT (père de Micheline Perrad).
- 1942 à 1955 fromager Hubert LETOUBLON (père de Marie Louise Béjannin).
- 1956 à 1968 fromager Michel FUMEY
- 1969 à 1970 fromager Marcel BOILLON
- 1971 à 1976 fromager Robert CAILLE
- 1977 à 1981 fromager M. VUILLAUME
- 1982 à 1984 fromager Jules LARCHER (père de Serge)
- 1985 à 1990 fromager Michel FONGELAS dit l'Fonfon venant du Bas de Ville de Foncine le Haut et de la Fruitière de Chapelle des Bois.
-1990 dissolution de la Coopérative de Bellefontaine composée de 25 sociétaires dont Urbain BAZIN sera longtemps secrétaire. Yves MOREL en sera le dernier Président.
    Le lait du soir du 31 Décembre comptait pour l'année suivante donc pour le fromage du 1er Janvier.
    La production annuelle de lait au chalet Modèle s'élève à environ 300.000 kg par an. 1 litre de lait pèse 1030 gr, 100 kg de lait produisent 8 kg de fromage, un fromage de Comté pesant 40 kg. Le Chalet Modèle produit chaque jour, 1 Comté en hiver, 2 Comtés en été, parfois du Morbier. La fabrication de beurre, particulièrement appréciée, sera vendue au détail sur la commune et vendue à bon prix chez l'Deniset à Morez dans un emballage personnalisé.
    La Société du “chalet Modèle” est constituée de 5 gérants représentant les 25 sociétaires, 1 président, 1 vice-président, 1 secrétaire et 1 trésorier. Qté de lait au meilleur de Juin, environ 500 à 550 l, herbage fleuri, herbes choisies, période de ruminage paisible. La fromagerie est équipée de 3 chaudières, la p'tite pour l'eau chaude, la moyenne et la grosse pour la cuisson. Particularité d'un foyer roulant se déplaçant sous les 3 cuves. La paye du lait est délivrée le 2ème dimanche du mois aux sociétaires. Les sociétaires ont 2 rendez-vous matin et soir pour livrer leur lait. L'affluence du soir est marquée par les habitants venant s'approvisionner en lait, crème, beurre et fromage. C'est pour tous l'occasion d'échanger et commenter les nouvelles du Pays.
    Pour conclure, au lieu-dit sous chez Bazin, le petit-lait permettait de nourrir une centaine de cochons propriété d'un boucher de Morez retenu par soumission. Pendant bien des années les bêtes étaient soignées par un personnage mémorable et folklorique, François DUBUISSON, ancien Douanier fantasque, reconnu pas avare d'amphigouri (embrouilli), qui dormait le soir dans son cercueil qu'il avait fait fabriquer à l'avance par le Grd JOSEPH,  “pour s'habituer” disait-il.

Le Bois de Chauffage en 1930

La Forêt comme partout ailleurs, est facteur de richesse pour les particuliers comme pour les collectivités. Elle sera source de revenus et contribuera fortement aux financements des divers besoins communaux. Le Risoux comme d’autres massifs y pourvoira.

Notre Risoux, suite au traité de Verdun en 843, entre la France et la Suisse, est placé sous influence de la puissante Abbaye de St Claude qui jusqu’à la Révolution, oeuvrera pour la mise en valeur du massif resté impénétrable jusqu’au XVème siècle.

Le premier partage a lieu en 1549 entre les communes de Bellefontaine, Morbier et La Mouille (cette dernière ne faisait qu’un avec Bois d’Amont, Morez et Les Rousses).

Un deuxième partage eut lieu par arrêt du 17 Mars 1700 entre les communes de Bellefontaine et Morbier qui reçurent chacune 1 tiers de la superficie, le dernier tiers étant dans l’indivision entre les communes de La Mouille, Bois d’Amont et Les Rousses.

Napoléon rétablit en 1827 l’administration des forêts et élabore le Code Forestier.

De nos jours le Massif du RISOUX, d’une superficie de 2075.68 ha, se décompose ainsi:

- Bellefontaine:   469.22 ha

- Bois d’Amont:   299.30 ha

- Morbier:   475.99 ha

- Morez:   218.49 ha

- La Mouille:   57.52 ha

- Les Rousses:   555.16 ha

En 1900 ouverture du chemin Blanc jusqu’au crêt des Arêtes (Pierre Levée).

En 1951 on compte sur le Risoux:  9 % de Sapins (le Vouarne), 78 % d’Epicéas (la Pesse) et 13 % de Feuillus.

Façonnage en Forêt

Coupeurs, Passe-Partout, Voituriers, Scieurs exploitent bois de flottage, de sciage, de marine, de résonance, charbon de bois (pour les fers des repasseuses de Paris ou griller les marrons) et bien sûr le bois de Feu, objet de notre propos du jour.

Le 19 Mai 1943, 3 Hommes de Bellefontaine payeront un lourd tribu à la forêt, la foudre s’abattant sur Paul BOURGEOIS et son cousin René BOURGEOIS, René BLONDEAU lui ne sera que commotionné et survivra. Une croix de Fer remémore les lieux du drame sur le chemin du Grand Remblai.

Le bois de chauffage se coupe en “Lune Dure” descendante (pleine lune dernier quartier), en signe hors d’eau (signe du poisson à éviter). Aux dires des anciens, une année de 13 lunes ne vaut rien (2011). Ils disaient aussi, peu importe la lune pour la mise en bouteille du “Vin du Risoux”!..

Les “Foyards” de la Chaux-Mourant et du Risoux, contrairement à ceux des versants Nord, possèdent les meilleurs pouvoirs calorifiques, poussent moins vite et sont plus fibreux donc plus difficiles à fendre.

Le cubage se détermine en fonction de la règle de normalisation des bois de grume conforme à la norme française, donnant le volume au mètre cube réel selon le barème “NORMAND”, du nom de son créateur. 1-mesure de la longueur à la règle à griffes de 1m en partant du milieu de la grume. 2-mesure de la circonférence à la ficelle au milieu de la grume. A partir de ces deux mesures le Barème déterminera le cubage exact. Pour les bois-carottes (bois de pâture ou assoute) le coupeur n’hésitera pas à réduire la longueur par le cucheron pour gagner en cubage.

Le bois de sciage est souvent vendu sur pied, coupé par l’acheteur et écorcé frais. Les Chapellands venaient chercher les branches d’épicéas pour leur souplesse. Le vouarne au fût et branchage plus cassant ne vaut pas la pesse en qualité.

La coupe se pratique selon 2 techniques: à la hache ou au passe-partout.

- A la hache faire une petite entaille au plus près du sol du côté à verser. Tenir compte du vent, du branchage et du débardage en préservant les petites pousses. Ensuite faire l’entaille de coupe jusqu’à verser sans dépondre (ne pas aller trop loin dans la coupe pour garder la maîtrise de la chute).

- Au passe-partout droit pour le foyard. 1 petite entaille, 1 trait de coupe opposé à l’entaille, sciage en position à genoux. Un droitier et un gaucher de préférence, cadençant bien à plat, tirer - lâcher alternativement. La grume est ébranchée.

A l’époque venaient à la belle saison dans le Risoux, de rudes Italiens venus d’Aoste ou du Piémont. Les conditions de vie sont spartiates, levé à 5h, un oignon cru plus un morceau de pain à l’eau, un vieux sac de jute fermé d’un clou sur les épaules ils rejoignaient leur secteur d’exploitation. Le soir un bol de polente.

Les voituriers venaient démontagner, plantaient le commande en tête ou prenaient un tour de chaîne à la queue de la grume. Pour les passages de laizines, la pièce était déplacée au sappi.

Le “Bois de Corde”, 2 mesures suivant la région. A Bellefontaine, “Petite Corde” pour une voiture attelée à un cheval, dans le bas “Grande Corde” pour une voiture attelée à une paire de boeufs.

Mesure de la “Petite Corde”  (pieds = 33,33 cm)

- Longueur de Couche 8 pieds (2,66 m)

- Largeur 3 pieds (1 m)

- Hauteur 4 pieds (1,33 m)

3800 kg le poids approximatif de la corde en “Foyard Vert”, pour une charge adaptée aux capacités d’un bon cheval d’environ 600 kg.

Voiturage

En 1930 les routes empruntées sont toujours empierrées et ne facilitent pas le roulage. Il faudra attendre 1953 pour le premier goudronnage de la route de Chapelle.

Le bois de feux est produit pour la consommation personnelle ou en fonction de commande de particuliers souvent sur Morez.

Prenons un exemple de charoyage d’une corde de bois transportée de la ferme de Jean Bouveret sur le secteur des Mortes (maison Desfachelle) et livrée à Morez. Notre corde va devoir pour descendre à Morez, passer par 3 difficultés que l’on imagine plus:

- 1ère Montée: celle du “TIOUSALET” avant de redescendre par le “Crêt à Tône”.

- 2ème Montée: celle de chez ‘l’Grand Joseph” avant de redescendre par la Creusette.

- 3ème Montée: celle du “Choléra”, qui se fait sentir depuis chez “l’Grand René GIROD”, le fils au Louis le Cordonnier, jusqu’à la croix du Choléra.

Pas simples les montées dans les descentes à Bellefontaine, même confortablement assis sur le ballon (voir Julien ci-dessus).            

Le bois sera finalement livré et empilé devant la maison du client à Morez.

Merci à Gaby et Julien

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Le Temps des Fenaison en 1930

Le printemps pointant son nez, il faut déjà sans tarder se préparer aux prochaines récoltes d'été en prévision de l'hiver à venir.            

Le cheval de l’exploitation bénéficie de toutes les attentions, la qualité du travail qu’il devra fournir dans la journée dépend de sa bonne santé. Il est le premier à sortir, la neige retirée, et à brouter la toute fraîche pointe  de l'herbe, son grand plaisir et surtout le besoin de se purger après un long hivernage. Un bon cheval coûtait bien plus cher qu'une vache. Dans les années trente un cheval pouvait valoir 3000 frs de l'époque, 1000 frs pour une vache. Le cheval était nourri toute l'année, il fallait prévoir pour lui environ 6000 kg de foin contre 3000 kg pour une vache nourrie l'hiver, en champs l'été. Un cheval mange plus lentement qu'une vache, il fallait en tenir compte. Les cycles de culture : Avril: Labours sur terrains bien ressuyés et hersage. A la St Georges sème ton orge. Mai: Hersage pour cacher l'orge destiné au cheval et à la fabrication du pain de la famille, l'herbe semée par-dessus. Fin Mai: Réfection des piquets de clôtures et des barbelés. Début Juin: Rouler l'orge quand il a tresi. Juin: Fabrication du bois de chauffage ou extraction de la tourbe, une corvée sous une nuée de tavents maintenus à distance à l'aide de chiffons imbibés de nozerette (genre de carbonil). Juillet: début des foins jusqu'à septembre suivant les conditions de l'année.            

Le fumier de l'été précédant est épandu sur les champs à la fourche avant la neige, le fumier d'hiver est épandu au traîneau sur la neige pour les terres à labourer.  

Le travail de labour est pris tôt de 8h00 à 10h00. 2 chevaux étaient nécessaires, le deuxième emprunté au voisin à qui le service est rendu en retour. Au midi les chevaux sont dételés, abreuvés et reçoivent leur ration d'avoine. L'après -midi de 13h30 à 17h00, l'opération de labour est reconduite, ceci pendant 2 à 3 jours. Les cycles de labours et de foinnage sont organisés et précis : - La première année on laboure le champ avec 2 chevaux et l'on sème l'orge (la teppe). - La deuxième année le champ est retourné avec 1 cheval pour planter des pommes de terre, l’herbe est semée pour la troisième année et l'orge semée à côté.            

Si l'herbe n'était pas semée dans cette deuxième année, les chardons prenaient le dessus, il n'était alors pas facile de faire et défaire les voitures sans se piquer. - La quatrième année l'herbage était de la plus belle qualité atteignant des hauteurs que l'on ne constate plus de nos jours.            

La durée de vie d'un cheval de trait est d’environ 18 ans et peut-être attelé au travail à partir de l’âge de  2 ans.            

Les premiers coups de faux sont pour le tour de la ferme.            

Préparation de la faucheuse attelée, graissage de la mécanique, affûtage des lames de coupe (2 à 3 lames utilisées par jour). Les lames souffrent et sont souvent éberchées (ébréchées) par de petits cailloux, reprises à la meule de grès en biseau, tournée à la main. Largeur de coupe 1 mètre.            

Avant 1914, les foins se fauchaient tout à la faux, dans des postures de reins particulièrement pénibles. Le mal de dos est compensé par une ceinture de flanelle et au dire de médecins de l'époque, ils en avaient le ventre noir, brassé par des mouvements sans cesse répétés et mutilants.            

La parenté pour la période des foins, venait donner la main, les congés payés n'étaient pas encore d'actualité, il faudra attendre 36 et le Front Populaire.     

En ce temps-là, les gamins souvent mis à contribution, étaient contents quand la saison prenait fin. Une journée aux foins au cœur de juillet se décompose ainsi : - 4h00  donner à manger au cheval, aller chercher les vaches, la traite étant assurée en principe par les femmes, mise en place de la lame de coupe. - 5h15  on part faucher au jour naissant, jusqu'à ce que le cheval ait trop chaud et avant que les mouches ne le dévorent. Le fauchage du jour est entrepris pour le chargement d'environ quatre voitures de l'époque. La fauche terminée, la lame de coupe est retirée et nettoyée à l'eau. - Vers 9h00 le cheval ne se fait pas prier pour rentrer à la maison. - 10h00 casse-croûte avec un bout de pain, un morceau de lard ou du jambon, un morceau de fromage, un peu de vin. - Avant 11h00 déchargement des voitures de la veille. Une charge de foin déjà placée sur le pont du grenier à foin, une deuxième suspendue aux câbles de la déchargeuse, une troisième placée dans la grange et la quatrième en attente dehors à l'abri sous un grand arbre, placée au soleil du matin sans avoir oublié quelques fourchées de foin pour la rosée sur la barre de serrage de la voiture. - 11h00 les foins arités la veille (andainés) sont dérités pour sécher de la rosée. - 12h00  déjeuner avec soupe, daube ou saucisse, patates, légumes du jardin, fromage et un café. Si le pré de fauche était trop éloigné, les enfants portaient le repas aux faucheurs sur place. - 13h00  un p'tit som' sur le coin de la table dévoré par les mouches. - 14h00  il faut partir tourner au large le foin fauché du matin (demi-tour d'andain). - 15h00 les foins de la veille dérités du matin sont arrités prêts à charger. - 16h00  les foins coupés du matin sont arrités si la pluie menaçe, et les foins acuchés en tas de 1m20. Sinon préparation des voitures à charger.            

Chargement entre deux rites des 2 premières voitures. Deux chargeurs à la fourche de part et d'autre. Un faiseur de voiture (souvent une femme) sur le foin de la voiture. Le chargement entamé par l'arrière et réparti ensuite à gauche et à droite, le milieu ramené à la main en se méfiant des dévers pour ne pas verser. La hauteur de foin est conditionnée par la porte de grange. Derrière la voiture, femmes et enfants râtelaient pour ne pas “foutre perdre”.            

Le cheval répondait aux ordres de “tiens-toi” ou “HUE”pour avancer et “Ô” pour stopper. - 16h30  Goûter: pain, fromage et café. - 17h00   Une équipe par arriter les derniers foins épandus du matin, charge la troisième voiture. La femme part traire les bêtes restées à l'étable la journée à l'abri de la lumière et des mouches. Les jours de pluie, les vaches pouvaient rester en champ. - 19h00  Chargement de la dernière voiture avant la rosée du soir.              

Désatteler, soigner le cheval, affûter les lames, remettre les vaches au pré pour la nuit, une toilette sommaire, le souper et au lit.           

Missionnaire en COCHINCHINE

Le Révérend Père Jules-Vincent BOURGEOIS  MOINE (1856 - 1915).
31 ans de mission en Cochinchine (1884 - 1915)
Jules-Vincent, fils de Jules-Vincent BOURGEOIS  MOINE (menuisier) et de Anne-Delphine BOURGEOIS vint au monde le 5 novembre 1856 à Bellefontaine où ces parents habite depuis 1828.
Sa famille était peu fortunée et comptait parmi les plus ferventes de la Paroisse. Son père était chantre au lutrin depuis l'enfance et sa mère bonne chrétienne lui transmis une éducation profondément religieuse.
Au sortir de l'école primaire où il se fait remarquer pour sa belle intelligence, il se vit obligé de renoncer à ses études pour un défaut de vision menaçant de devenir chronique. Il se mit à travailler bravement au côté de son père menuisier et devint même un excellent ouvrier. Durant ses rares loisirs il pratique la musique au sein de la très chrétienne fanfare de Chapelle des Bois. Il aimait la splendeur des offices religieux et goûtait fort le plain-chant avant de devenir une voix précieuse au sein du  chœur paroissial.
Après quelques études de latin auprès du curé Paillard de Bellefontaine, il entre en 1873 au petit séminaire de Nozeroy. Ces années de petit séminaire furent laborieuses et contrariées de violents maux de tête qui le contraignirent plusieurs fois à interrompre le cours de ses études.
En 1876 il entreprends sa philosophie à Notre Dame de Vaux. Le printemps de l'année suivante, il est reçu à la Maison-Carrée des Pères Blanc de Nîmes où il termine ses études philosophiques. Ses deux premières années de Théologie se dérouleront à Oran.
En 1882, il reçut le sous-Diaconat au séminaire de Lons et sentant sa vocation de missionnaire s'affirmer en lui, il quitta le diocèse et rejoignit en Algérie les Pères Blancs de Mgr Lavigerie. Mais il avait compté sans le climat brûlant de l'Afrique et après un an de séjour à la Maison-Carrée, des fièvres continuelles  l'obligeaient à reprendre le chemin du pays natal. La santé retrouvée, il regagna immédiatement le grand Séminaire de Lons, où son directeur certain de sa vocation lui conseilla en 1883 d'entrer au séminaire des Missions-Etrangères de Paris. Après de bonnes études théologiques rue du Bac, Jules-Vincent est ordonné prêtre le 6 juillet 1884 et envoyé en Cochinchine occidentale (partie la plus méridionale formant le delta du  Mékong, au sud du Viêt Nam et à l'est du Cambodge), le 5 novembre de la même année.
Arrivant à Saigon en 1884, il est nommé professeur de philosophie au séminaire. Il est nommé peu après pour quelques mois vicaire de M. Azéma à Lai-Thiêu. Il se voit confié la paroisse de Thu-Duc et puis celle de Bau-Xan où ses qualités de bâtisseur furent mises en pratique. Il y construisit église et presbytère. Missionnaire agriculteur il développe la culture du riz, creuse les canaux et bâti les ponts nécessaires.
Missionnaire apôtre, soucieux de la vie spirituelle de ses paroissiens et de la bonne marche de l'école, il se plait à rêver  de coopératives, mutualités, syndicats dont il aime à parler.
En 1901, profondément anémié, il dut rentrer en France et de 1902 à 1904 se reposa dans sa montagne du Jura.
Il retrouve sa mission en 1904 où l'Evêque lui offre en le comblant de joie, le district de la Plaine des Joncs. Il y avait là un terrain immense à mettre en valeur. La population était bien disposée à recevoir ses enseignements et ses conseils, mais des inondations deux années de suite contraignent les habitants à évacuer sans récolte et poussés par un découragement général. Il rejoint Thu-Duc pour dix ans où il entreprend une plantation d'hévéas.
En 1914, le district de Ben-Tre lui est proposé par Mgr Mossard. Il aimait se tenir à disposition de ses confrères. Bientôt de nombreux catéchumènes affluèrent. Au mois de novembre, épuisé il entre pour deux mois à la clinique du Dr Angier à Saigon. Les soins prodigués à réduire l'anémie ne suffiront pas, le retour en France est décidé.
En mai 1915 il séjourne chez un ami aumônier et en fin de mois rejoint sa famille à Bellefontaine.
Malgré ses efforts à dominer le mal, sa joie de retrouver les siens, le lundi 14 juin 1915 à 7h00, il s'éteignit doucement l'esprit libre et l'âme en paix après avoir tant oeuvré à sa mission.
Ses funérailles furent magnifiques, douze prêtres et toute la population de Bellefontaine célébrèrent le révérend Père Jules-Vincent BOURGEOIS.
Son âme de bâtisseur, Jules-Vincent la mettra également par delà les océans, au service de sa famille de « Sur la Côte des Mandrillons » à Bellefontaine.
Au début du siècle dernier, la ferme Bourgeois sera démontée du fond de la plaine au Guy pour être remontée, pierre à pierre à son emplacement d'aujourd'hui. Il conduira et règlera les travaux à distance par voie de courriers.
En 1902, la famille Bourgeois se compose du père Alphonse BOURGEOIS (1859) marié à Maria MICHEL (1859) née sous la Feuillat, 2 garçons Jules (1886) et Joseph (1891) et de 5 filles les jumelles Marthe et Marie (1889), Germaine (1893), Agnès (1897) et Rose ( (1899).
En 1903 les fondations sur le nouvel emplacement seront préparées et terminées pour l'automne. En 1904, démontage de l'ancien corps de bâtiment par des massons rémunérés à la tâche. Les matériaux seront acheminés à l'aide d'un cheval plus une génisse.
La charpente sera conçue et réalisée par « L'Grand Michel » (Louis Michel) un robuste personnage pittoresque analphabète à l'esprit malin, contrebandier au besoin, pétrit de bon sens manuel et au savoir faire phénoménal.
La charpente sera couverte en tavaillon pour une durée moyenne de 30 ans environ.
Le grenier à foin sera adapté aux nouvelles techniques des déchargeuses avec levage au treuil des charges de foin et chariot de répartition. Conception délicate sachant préserver la robustesse de la charpente pour l'hiver, en aménageant  les passages de charges sur chariot.
Les foins de la saison seront rentrés dans la nouvelle ferme pendant les travaux de couverture, ceux-ci prenant fin pour l'entrée de l'hiver.
Jules-Vincent était le frère d'Alphonse, qui lui était le grand-père de Guy Bourgeois et de Julien Béjannin.

Si les "Mortes" m'était conté !

    Le hameau des Mortes, ainsi nommé à cause des eaux mortes des lacs, est situé au sud du territoire de Chapelle-Des-Bois et confiné à celui de Bellefontaine et de Morbier. A l’extrémité sud-ouest, tout près de la route et presque sur la limite, existe un gouffre profond appelé “l’Entonnoir des Mortes” et où s’engloutit le “prue”... extrait du livre “recherches sur Chapelle-Des-Bois par l’Abbé Bourgeois-Moine” datant de 1894.
    La scierie a été ce lieu de rencontre et de travail pour les habitants des deux villages et on saisit son importance pour le hameau dans cet extrait tiré du livre “Jura :  grottes, cascades et lacs” de Pierre Delacretaz. Elle fut l’entreprise la plus stable de Chapelle-Des-Bois car elle ne cessa pas de travailler pendant plus de 400 ans en utilisant la force hydraulique. En effet, c’est en 1554 que l’Abbé de St Claude acensa le cours d’eau sortant du lac des Mortes à Claude Brocard de Guerre pour y établir moulin, foule, baptoir ou serre (scierie). Nous savons qu’en 1740, Nicolas Bailly avait 7 scieries ou moulin sur ce ruisseau appelé “Ru”.
    C’est à la fin du XIXème siècle que la famille Narcisse Bourgeois s’installa à la scierie, le bâtiment avait alors un seul niveau. Ils la réhaussèrent d’un étage. Le fils, Joseph, reprit la scierie et eut trois fils avec Hélène Thibault de La Chaux-Mourant :  Maurice, André et Jean. Toute la famille partit à Besançon en 1932 pour fonder une entreprise de vente de matériaux de construction :  “les Chantiers Bourgeois”. C’est cette même année que la famille Bourgeois fit élever par ses ouvriers la croix qui domine le village de Chapelle. Ils en montèrent les différents tronçons avec les chevaux depuis le Pré- Poncet jusqu’à la Roche Champion. Maurice prit la succession de son père pour la direction de la scierie, tandis qu’André assurait celle des Chantiers et Jean le côté administratif des deux établissements.
    La machine à vapeur, achetée en Suisse en 1910, permit d’optimiser le travail en palliant le manque d’eau qui se faisait parfois sentir surtout à l’automne. Il est amusant de remarquer que peut-être la limite des départements a aussi empêché une modernisation possible de la scierie, puisque l’électricité est arrivée dans le hameau en 1936 pour les trois maisons côté Bellefontaine et en 1949 pour les trois maisons du côté de Chapelle, dont la scierie.
    Jusqu’à la première guerre, les ouvriers travaillaient 12 heures par jour pendant 6 jours. Ils commençaient parfois très jeunes, dès 15 ans(un jeune des Mortes, fils de Jean Bouveret, fut tué par le châssis dans la cave située juste dessous). Ensuite, ce furent des journées de 10 heures, puis après 1945 de 8 heures avec congé le Samedi après-midi. Environ 6 ouvriers travaillaient à la scierie et 2 débardaient en forêt avec les chevaux.
    La scierie était vraiment le lien entre les deux villages :  5 ouvriers de Bellefontaine et 2 de Chapelle-Des-Bois y ont effectué une vie entière de travail et de nombreux jeunes y ont trouvé leur premier boulot.
    L’usine a fermé le 31 décembre 1987 et a été vendue à Carlo SALVI des Mortes, qui a conservé tout le nécessaire pour continuer le sciage (châssis, scie circulaire et turbines) et même la machine à vapeur pourrait encore fonctionner aujourd’hui.
    Le hameau d’un point de vue administratif, se partage entre deux communes et aussi entre deux départements ce qui laisse supposer quelques tracasseries pour les habitants peu nombreux de chaque côté.
    Alors, pour toutes sortes d’activités, ses habitants se sont tournés vers le village le plus proche et le plus accessible, pour scolariser par exemple les enfants. Il en est de même pour le travail. Une des exploitations agricoles du hameau a son siège sur Bellefontaine mais toutes ses terres sur le Doubs ( communes de Chapelle et Petite-Chaux pour l’alpage où est conduit le troupeau de chèvres et moutons qui traverse à pied chaque printemps et automne le village de Chapelle). L’autre exploitation est adhérente à la société de fromagerie de Chapelle. La commune de Chapelle déneige la ferme tous les matins pour la livraison du lait à la coopérative et assure ce service pour tout le hameau.
    Aujourd’hui, le hameau des Mortes doit montrer qu’il  reste une zone d’activités, avec un réel potentiel puisqu’une personne sur deux a moins de 25 ans, qu’il doit être préservé par l’entraide et la concertation entre les deux communes et qu’il n’est pas simplement une jolie zone naturelle. Il faut certes penser à protéger cet environnement mais aussi veiller à ce qu’il reste un milieu vivant.
                                         Edith LEDUC

Pâturages de "Chaux Sèche" et du "Plan Pichon"

La Vie sous la Côte avant Guerre

Avec les souvenirs de Guy Bourgeois, c’est à un retour de 65 ans en arrière que nous vous invitons; vers un temps que les enfants du XXIème siècle ne peuvent guère imaginer. Un temps, une vie, que n’imagine aucunement, non plus, les occupants de certaine ferme “télévisuellle”...

Vers les années 1940 donc, la ferme Bourgeois, sur la Côte, élève une vingtaine de bêtes; la moitié de ce troupeau fournit du lait pour le chalet de Bellefontaine; on ne dit pas alors “fromagerie”, mais”chalet”,”chalet modèle”. Pour transporter la bouille de lait de la ferme au chalet, on la charge sur une charrette tirée à la main, l’été ; l’hiver, c’est un chien attelé à un traîneau qui remplit cet office.

L’hiver est long,  les vaches sont nourries de foin récolté l’été bien sûr; mais pour boire, on n’a pas encore installé d’abreuvoirs dans leurs crèches; quel que soit le temps, pluie, neige, bise ou soleil glacé,  on les sort pour aller s’abreuver à la source, à quelque 200 mètres de la ferme. Il arrive qu’une bête verse et ne se relève pas; qu’à cela ne tienne: on la traîne par les cornes avec le cheval... Cette manoeuvre élargit le chemin pour la sortie du lendemain !

Pas de chasse-neige communal non plus; les femmes (nombreuses ici !) veulent aller à la messe du dimanche: on fera le chemin avec un plot lui aussi tiré par le cheval.

En plus du travail près des bêtes, les hommes vont au bois, au Risoux. Les saisons sont rudes dans ces années: en 1940-42 ils chaussent les skis pour attaquer les premières coupes. -Pour descendre le bois par la Feuillat, on utilise une lugette (une sorte de petit traîneau) tiré par un boeuf ; on lui accroche un train de bois de 4 à 5 pièces, ceci représente une opération particulièrement dangereuse. A cette époque, la descente du bois du Risoux s’effectue tout l’hiver:  la neige favorise ce travail.

Pour terminer ce chapitre de souvenirs, écoutons cette histoire de Noël.

C’est le 24 décembre. La ferme a besoin d’un boeuf( normal, direz-vous, puisque c’est Noël). Guy Bourgeois, 20 ans, et son père, Joseph-le grand Joseph, comme l’appelle tout le village- s’apprête à en faire l’achat. Il ont trait les vaches, pris un copieux casse-croûte; il est 7h30, ils partent pour ce périple de 40 km qui les conduira à Bief-des-Maisons (aux environs des Planches-en-Montagne). Jusqu’à Foncine-le-Bas, par la Norbière, c’est sur le traîneau, tiré par le cheval, que s’effectue la première partie du trajet; là, le cheval est laissé au repos, dans une ferme tenue par des parents ; les hommes continuent à pied, avec leurs chaussures à semelles de bois cloutées.

A Bief-des-Maisons, ils font l’acquisition du boeuf recherché, une bête d’une grande robustesse, valant près de 8000 fr de l’époque. Affaire conclue, payée rubis sur l’ongle, le boeuf prend la route du retour  avec Guy et Joseph; pas d’arrêt dans quelque auberge: un peu de pain en poche pour calmer la faim, il faut récupérer le cheval à Foncine et regagner Bellefontaine à la nuit. Hommes et animaux rejoignent la ferme vers 11 heures du soir: ils croisent alors les paroissiens qui vont à la messe de minuit.

A la maison, Marguerite, la mère de Guy, a soigné les bêtes,préparé un repas chaud et consistant pour ses hommes, une bonne soupe épaisse, du cochon du saloir, une saucisse à la cendre. Le boeuf et le cheval seront soignés et réconfortés à leur tour.

Ceci fut une nuit de Noël, un réveillon de l’époque... Demain matin à 6h il faudra retrouver les bêtes.

Ainsi va la vie, celle de gens courageux, animés, oh combien !  par l’amour de leur travail et la chaleur familiale.

Souvenirs recueillis auprès de Guy Bourgeois.

Le Facteur de Bellefontaine

Paul JACQUIN naît à Chapelle-Des-Bois en Avril 1900. Adolescent, il travaille à la forge de Charles PANIER 1er Maréchal de France en venant du Brassus disait-il.
Son père,  Paul JACQUIN, du même prénom, était lui-même facteur de son état à Chapelle-Des-Bois dans les années 1900. Un jour sur deux il partait le matin, à la lanterne l’hiver, jusqu’à Morez pour prendre le courrier. Le lendemain il assurait la distribution sur Chapelle et la levée des réponses du matin sur le chemin du retour.
Libéré du Service Militaire, il passe et obtient le concours de Facteur en 1925. Il est alors affecté à la capitale, à Paris où d’ailleurs il ne s’y déplait pas. Quelques années plus-tard, apprenant qu’une place se libère à Bellefontaine, il passe avec succès le concours de Facteur-Receveur et ce fut le retour au “Pays”. Nous sommes alors en 1928 et il ne quittera sa charge au bureau de Poste de Bellefontaine qu’à l’heure de la retraite, en 1960.
La Poste et l’école Primaire à cette époque sont logées dans le bâtiment de la Mairie incendié le 5 Mai 2001. Les locaux de la Poste se composent d’une pièce d’accueil au public, d’une cabine Téléphonique, du bureau du Receveur et d’un logement de fonction.
Le bureau est dirigé en 1930 par Paul JACQUIN, receveur, assisté de Roger JOBEZ pour Bellefontaine et d’Edouard CORDIER pour la distribution de Chapelle-Des-Bois (commune desservie à partir du bureau de Bellefontaine).
Le bureau est ouvert tous les jours matin et après-midi du Lundi au samedi. Offre les services d’affranchissements, mandats, titres de retraites, placements, téléphone et télégraphie. Chaque soir la caisse est soigneusement enregistrée, levée de la “boîte aux Lettres”, traitement du courrier “Départ”, tampon dateur et préparation des cachetés à la cire.
Le bureau fonctionnait également le Dimanche matin pour le téléphone et les télégrammes. Ces derniers pouvant être distribués à la sortie de la messe. Simone GIROD fille d’Arthur portait les dépêches urgentes, décès, naissances.
Le Facteur assure un lien essentiel sur le territoire, messager des bonnes et mauvaises nouvelles. L’uniforme, sombre ou clair selon la saison, képi vissé sur la tête, la pèlerine des jours d’intempéries font de notre colporteur de nouvelles, le personnage attendu de tous les foyers.
Trois Tournées, d’une quinzaine de Km chacune, sont orchestrées chaque jour :
-Bellefontaine distribuée par Paul Jacquin. Sous la Côte, le Village et le secteur Ouest, avec les Chaumelles, en Pichon , en Jean-Pierre jusque chez le Louis Perrad. Durant ce temps la permanence du bureau était assuré par Germaine Jacquin l’épouse de Paul.
-Bellefontaine-Est distribuée par Roger Jobez avec la Chaux Mourant, les Mortes, sur les Lacs et Chapelle le Village. Il aimait à dire à l’heure des catalogues : “la Redoute redoutée des Facteurs”.
-Les Ecarts de Chapelle Des Bois distribués par Edouard Cordier avec le Village,
Quels que soient les caprices du temps: le vent, la pluie, la neige, chaleur de l’été, le Facteur enfile sa sacoche en bandouillère au service de sa clientèle.
Les neiges d’antan, ma “bonne Dame”. c’était quelque chose. Les routes d’hiver n’étaient pas toujours ouvertes comme aujourd’hui. Les skis en bois et cercles remplaçaient le vélo. Certains jours la tournée Bellefontaine / Chapelle devenait une véritable expédition faisant front à  la “Bise Noire”,  à la neige soufflée en étant lourdement chargé, sans visibilité dans un froid Sibérien. Par un de ces mauvais jours, Roger ne sera de retour à Bellefontaine qu’à la tombée de la nuit. Lorsque le courrier et la masse de colis l’imposait, il n’était pas rare que Georgette (épouse de Roger) monte une partie du courrier en haut du plateau de la Chaux-Mourant permettant de répartir la charge Postale sur le trajet.
Durant la période de guerre de 1940 à 1944 la présence de l’occupant Allemand compliquera davantage la tâche de nos agents postaux. Bellefontaine se trouvait donc en zone occupée et interdite. Le quartier général Allemands s’était installé au Presbytère. La cohabitation fut difficile. Il arriva vers la fin de l’occupation, que le chef Allemand vienne et s’enferme au bureau Postal voir l’avancée des troupes alliées à travers les messages reçus par d’autres bureaux.
Durant la période estivale, la charge se voyait multipliée et due en partie à l’activité touristique croissante de l’Hôtel du Jura (ou dit 1028). Les clients de l’époque venant d’une certaine haute société, Ambassadeurs, Haut-Fonctionnaires ou professions libérales. Ce fut également le début des colonies de vacances à la montagne, au bon air des pâturages d’en haut. La carte postale connaît son heure de gloire et de lien familial.
Une belle histoire d’humanité des Agents Postaux qui relient les Hommes les uns aux autres. Un Messager d’espoirs portant les  rêves des uns ou la peine des autres.  

Un dimanche de 1940 en hiver sur les Hauts de Bellefontaine

La vie à la ferme contée par deux jeunes Bicans en cette période perturbée de conflit mondial  :

le Gaby 18 ans des Mandrillons et le Julien 11 ans de chez l’Provost sous la "Feuillat".

Ils sont Amis et Voisins. En ce temps là, le quotidien est rude, l’entraide une obligation et la vie, rythmée par les tâches de l’exploitation familiale.

5h30 -  La ferme s’éveille et s’ébroue dans la nuit noire sous le Risoux. Le temps de boire un Jus et il faut déjà regagner l’écurie pour soigner les bêtes.

6h45 -  L’heure de porter le lait au chalet et en fonction de la neige, soit à la Bouille à Dos, soit avec le Chien de Traîneau ou le cheval dans les cas extrêmes.

Bellefontaine en cette année là, compte un chalet dit chalet "Modèle", bâti en 1925 par la commune et  3 autres chalets dit Fruitières, servant de dépôts de lait :  le chalet des Mandrillons, le chalet chez Morel et le chalet du Palais.

7h30 -  On sort le cheval pour préparer le chemin dans la neige et mener boire les bêtes à la source la plus proche.

8h30 -  Les bêtes sont préparées pour la journée. On délie et aère le foin pour le soir.

9h00 -  La famille se débarbouille et revêt les beaux habits du dimanche pour descendre à la Messe Dominicale.

9h30 -  Départ à pied pour la Messe.

10h00 -  Messe, on s’installe au Banc avec « genouillon » de la famille loué chaque mois d’octobre pour l’année. Le pain béni est offert chaque dimanche par une famille du village (2 pains), chacune à tour de rôle. Il est coupé par le sacristain et distribué après l’Evangile, le Sermon et le Crédo. Les servants auront droit aux quatre « grognets ». Par tradition, le rôle se transmet au proche voisin par la serviette du pain béni, garnie encore de quelques morceaux.

11h00 -  Fin de la Messe, les Femmes remontent en « campainant » par la Chaux-Mourant pour préparer le dîner. Les Hommes se retrouvent au « 1028 » (Hôtel du Jura), Bistrot – Epicerie chez Verguet (brûlé en l’hiver 1972).

Allé VERGUET, une Chopine !...

12h15 -  Il faut remonter la Chaux-Mourant.

12h45 -  Repas dominical et copieux, Pot au Feu et une Daube (produits du jardin et de la ferme). Fromage de Comté ou Morbier du chalet, en dessert le Papet ou biscuit de Savoie. Un repas Familiale qui comptait beaucoup après une bonne semaine de labeur.

14h00 -  Fin du repas, café sans Gentiane , trop cher.

14h30 -  On redescend pour les Vêpres et le Chapelet à l’église.

15h00 -  Vêpres jusqu’à 15h30.

15h30 -  Jeux de Quilles au « 1028 », l’occasion de faire quelques sous à requiller pour les anciens.

16h00 -  Retour à la ferme et se rechanger pour les bêtes.

18h00 -  Portée du lait à la fruitière des Mandrillons, le bon moment des racontottes, les bonnes ou mauvaises nouvelles du jour, le temps pour le lait de s’écrémer. Les femmes attendent elles, patiemment ou impatiemment, rônaient  parfois ou ne disaient rien, mais alors sa ce voyait. La crème des Mandrillons est bien meilleurs au dire du fromager Henri MONDET.

19h30 -  Retour des hommes au foyer pour le souper avec les compliments de madame. Parfois celui-ci pouvant se plaindre du manque de compliments, ce à quoi la maîtresse des lieux rétorquait sur le champs :  « quand on ne dit rien c’est déjà un compliment ! ».

20h00 -  « Soupe aux Baulons » (petits pains faits de farine d’orge et de froment, de sel, de lait, d’eau et de levain). Les fournées de pain avaient lieux une fois par semaine environ. En ce temps nous avions davantage besoin les uns des autres.

21h00 -  L’heure du coucher sous la couverture piquée et l’édredon fait maison, au chaud duvet de canards de la ferme. La température du dehors conditionnait le dedans, le moins cinq est courant malgré le fourneau de la cuisine d’à côté, la chaleur de l’écurie et le foin sur le plancher du plafond.

Voilà donc, un dimanche bien employé, la neige et la fatigue aidant, le sommeil pourra alors s’emparer du Gaby et du Julien.

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